[VIDÉO] Troubles autistiques : s’exprimer par l’intermédiaire d’un robot (projet de recherche Rob’Autisme)

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Et si des adolescents autistes pouvaient améliorer leurs interactions sociales et regagner en autonomie, grâce à des robots ? Ce n’est pas de la science-fiction mais ce que semblent promettre les résultats très encourageants de Rob’Autisme, un projet de recherche qui entame actuellement sa cinquième année.

(c) Service photo de l’Université de Nantes

 

24 adolescents ont participé aux 4 premiers programmes de ce projet unique au monde porté par l’association Robots !, en partenariat avec Centrale Nantes. À l’origine, le projet est né d’une collaboration avec Stereolux et le CHU de Nantes, de 2014 à 2017. Depuis 2017, Rob’Autisme s’est enrichi de nouveaux partenaires, pour élargir le projet et le consolider scientifiquement. Ainsi, Ouest Industries Créatives co-finance avec Centrale Nantes la thèse de Rénald Gaboriau initiée en 2017 et co-encadrée par Sophie Sakka (enseignante chercheuse à Centrale Nantes, Laboratoire des Sciences du Numérique de Nantes, également fondatrice de l’association Robots !) et Didier Acier (professeur des Universités à l’Université de Nantes, psychologue clinicien et psychothérapeute).

Un programme d’ateliers basé sur le concept du robot « extension »

Rob'autisme - Usages

Atelier – (c)Rob’autisme

En 20 séances de travail, des adolescents autistes suivent un programme thérapeutique inédit : ils apprennent à programmer un robot Nao (SoftBank Robotics), sa voix, ses mouvements, pour qu’il “joue” un texte existant devant un public. Lors de ces séances par groupe de 6, encadrées par Sophie Sakka, Rénald Gaboriau et 3 élèves stagiaires de la faculté d’orthophonie du CHU de Nantes, les adolescents apprennent à définir l’autre et le soi et à co-construire un projet par le biais de la “prothèse” robot.

 

Chaque exercice se finit par des applaudissements lors de la présentation du travail collectif, introduisant la fierté de la reconnaissance au sein de cette micro-société. Là où un robot “compagnon” ferait faire des choses à l’enfant par sollicitation, le robot “extension” de Rob’Autisme sert de vecteur de communication, rendant possible l’expérience de faire avec les autres et pour les autres. La première année du programme se termine par un spectacle public, avec la représentation d’un robot acteur seul sur scène. Pour les adolescents autistes qui poursuivent le projet sur une deuxième année, il s’agit d’écrire leur propre histoire, à nouveau en vue de réaliser un spectacle public en fin de programme. Plusieurs personnages robotiques sont alors acteurs et doivent être programmés pour interagir ensembles.

Des résultats très encourageants

Sophie Sakka, qui travaille sur le lien entre humain et robot, insiste sur le fait que la thérapie est faite par l’humain, avec le vecteur du robot qui aide l’enfant à s’exprimer. Le projet de recherche tend à montrer que le robot permet d’obtenir des améliorations bien plus rapides et plus pérennes qu’avec une thérapie classique. Ainsi, suite au programme, les adolescents s’ouvrent à des activités de groupe. Six d’entre eux ont même repris une scolarité précédemment interrompue. Les progrès concrets constatés sont  un grand soulagement pour les accompagnants, parents et proches. Sur 2018-2019, ce sont deux groupes d’adolescents qui participent en parallèle au programme, afin d’accélérer la généralisation des résultats très positifs de Rob’Autisme.

Un projet de recherche pour consolider l’approche thérapeutique

Les travaux de recherche se concentrent sur l’analyse des mécanismes qui sous-tendent les excellents résultats observés empiriquement sur les premières années. Pour ce faire, chaque séance est filmée puis minutieusement analysée par une étudiante de l’Université de Nantes, afin de mobiliser les outils statistiques nécessaire à la validation des hypothèses avancées. Il s’agit ensuite de formaliser un protocole thérapeutique qui permettra la réplication et la diffusion la plus large. Ces travaux ont déjà fait l’objet de six publications scientifiques et d’autres publications sont prévues jusqu’en 2020.

 

Pour plus d’informations sur le projet : http://www.association-robots.com/?page_id=611